Plus de vent, plus de bruit, plus de flux, je suis hikikomori. Sympathique dénomination : kiki, kiko, hi hi, syllabes sonores badines, un peu farcesques. Ce n'est pas un prénom, le mien je ne vous dirai pas car je n'en ai plus, peut-être n'en ai-je jamais eu, je ne sais plus, on ne m'a jamais nommé. Hikikomori, c'est une maladie, morituri qui ne te saluent plus, qui ne veulent plus sortir de leur lit. Un phénomène venu du Japon, une vraie révolution, un peuple entier de jeunes gens coincés comme moi sous leur couette, en position fœtale, position fatale. La couette et ses plis comme des vagues blanches où je me réfugie, où je me noie. Une mer de soie immaculée dans laquelle lentement, je m'efface en ronflant.
Vous attendez une révélation tragique, un souvenir traumatique, un désespoir baudelairien. Vous n'aurez rien.
Rien que le souffle de ma respiration qui vient, qui va, qui un jour ne sera plus. Vous n'aurez que le silence de ma nuit sans fin. Vous n'aurez que ce mot Hikikomori.
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