Je n’ai jamais quitté les territoires de l’enfance. Pas ceux, idéalisés, d’une mémoire qui s’amuserait à recréer un espace imaginaire peuplé de rires et de fausse innocence. Ceux peuplés d’oiseaux, de poètes et de paysages maritimes, une invitation à la douceur, ever.
Dans le pays de mon enfance, le loup et la sorcière n’étaient pas dans les contes mais ils logeaient dans ma maison. Ils m’enveloppaient de leur sourire hideux et hypocrite et me faisaient faire mille cauchemars éveillés. Mais j’étais une bonne sprinteuse et je courais vite me mettre à l’abri. Mon Neverland était loin d’être parfait mais j’y trouvais l’essentiel : des livres, des diabolos grenadine, mon chien et mon vélo. La solitude y était parfois légère, parfois compacte mais elle évitait les bleus. Elle m’y trouvait rêveuse, rageuse ou danseuse.
A l’heure du crépuscule, je m’aperçois que je suis restée sur ses terres et que j’ai tout emporté avec moi. J’ai réussi à rester en vie grâce à elles. La maison maudite s’est dépeuplée de ses hôtes maléfiques, elle est toujours debout mais a perdu de sa nuisance. Pour le reste, rien n’a bougé dans mon Neverland, encore et toujours, je cours avec mon chien, je danse à vélo, et je rêve d’oiseaux.
Comments